Où en êtes-vous avec le burn-out ?

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire (page 34-37)
Information dentaire
Un praticien sur deux (48 %) serait plus ou moins proche du burn-out, selon l’Observatoire de la santé des chirurgiens-dentistes. Véritable destruction psychologique, le syndrome d’épuisement professionnel, en français, désigne un état d’épuisement global, une fatigue physique, émotionnelle et mentale conséquence d’un stress intense et continu. C’est la phase ultime avant la dépression. Et vous…

Comprendre
Le syndrome d’épuisement professionnel est défini pour la première fois dans les années 1970 par le psychologue Herbert Freudenberger. Affectant particulièrement les métiers d’aide à l’autre, notamment les métiers de la santé, il a pris dans ce cadre le nom de syndrome d’épuisement professionnel des soignants (SEPS). Il apparaît, après une longue période de stress chronique, quand les capacités de l’organisme à s’adapter sont dépassées, comme si toute l’énergie dont on dispose semblait un jour entièrement consumée par des tâches professionnelles trop exigeantes. Il s’installe doucement, sournoisement. Le plus difficile est sans doute d’en prendre conscience. Par méconnaissance ou par fierté, il est souvent nié. « C’est le syndrome John Wayne, le cow-boy imperturbable qui sourit même avec une flèche dans l’omoplate, résume Serge Deschaux, praticien à Rennes, directeur de l’Observatoire national de la santé des chirurgiens-dentistes, qui a dépouillé en 2011 une enquête auprès de 1623 praticiens (lire en dernière page). Les chirurgiens-dentistes sont prisonniers de l’image d’infaillibilité qu’ils veulent donner. Accaparés par la souffrance des autres et leur charge de travail, ils en oublient leurs propres tourments. » Il existe des facteurs de prédisposition : personnalité perfectionniste, exigeante, emploi du temps surchargé, manque de sommeil, de temps, refus du droit à l’échec…
Mais Serge Deschaux identifie quatre sources de stress et donc potentiellement de burn-out très spécifique à la profession. D’abord, la « technico dépendance ». Les praticiens sont totalement dépendants et donc tributaires (esclaves ?) de leur plateau technique et de l’informatique sans lesquels le métier est impossible. L’appréhension de la douleur ensuite. Gérer toute la journée la douleur et les craintes des patients n’est pas sans conséquence. L’impavidité face à la douleur suppose un contrôle de soi très usant à la longue. Troisième cause de stress : le rapport à l’argent. Les soins n’étant pas valorisés à leur juste prix et mal remboursés, de lourdes tensions apparaissent souvent avec les patients au moment du règlement des honoraires. Enfin, un décalage existe entre les valeurs du chirurgien-dentiste, son investissement en tant que soignant et ce qu’il obtient en retour : l’image déformée que les médias et la société lui renvoient.
L’épuisement professionnel s’accompagne de multiples symptômes : fatigue chronique, troubles du sommeil, douleurs musculo-squelettiques, irritabilité, méfiance, anxiété, sentiment d’impuissance, tristesse, diminution de l’attention, de la réflexion et de la créativité, troubles du jugement, incapacité à prendre une décision, manque d’activité physique et sportive, prise de risques, pratiques addictives… La liste est longue. C’est souvent l’entourage familial ou professionnel qui alerte. Mais il est possible de s’auto-évaluer.

Évaluer
Catherine Maslach et Susan Jackson (1981) ont développé un questionnaire, le Maslach Burn-out Inventory (MBI), destiné à étudier le burn-out chez les professionnels de santé : le syndrome d’épuisement professionnel des soignants ou SEPS (voir page suivante).
Cet instrument met en évidence trois composantes du SEPS :
– l’épuisement émotionnel : il traduit un manque d’énergie, le sentiment que les ressources émotionnelles sont épuisées. Le praticien n’est plus motivé par son travail, devenu une corvée ;
– la dépersonnalisation : elle marque le détachement, la négativité, le cynisme envers les patients. Le soignant ne se sent plus concerné par son travail, ses patients, ses confrères ;
– le sentiment d’échec personnel : c’est la dévalorisation de son travail, de ses compétences, la diminution de l’estime de soi.

Traiter
Le burn-out n’est pas une fatalité. Sabine Bataille, consultante en ressources humaines, conseille dans son ouvrage* de s’arrêter plusieurs semaines, et de se faire aider par son entourage, puis par un médecin, un coach ou un psychologue. L’important est de travailler sur des stratégies professionnelles et personnelles pour se reconstruire : mettre des mots sur les maux (verbalisation), comprendre les mécanismes professionnels et identifier les facteurs organisationnels qui ont conduit au burn-out.
Mais le meilleur traitement reste la prévention. Avant de tomber, une réflexion sur soi-même permet de redéfinir ses besoins et ses priorités, de mieux se connaître, de prendre conscience de ses difficultés, d’identifier les facteurs de stress et de les supprimer, peut-être en diminuant sa charge de travail ou en améliorant les conditions de travail au cabinet, d’adopter une bonne hygiène de vie.

* À lire : Se reconstruire après un burn-out. Les chemins de la résilience professionnelle, de Sabine Bataille, chez InterEditions.

Pour se faire aider
• La CNSD a mis en place avec la MACSF.
une ligne d’écoute : 01 42 99 02 04.
• L’Association d’aide professionnelle aux médecins libéraux propose
un numéro dédié également destiné aux chirurgiens-dentistes : 0826 004 580.

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